31 ans d’une aventure collective
L’histoire de la Pride Marseille, c’est 31 ans d’une aventure collective, débutée au début des années 90 dans l’urgence du Sida et perpétuée au fil des ans jusqu’à nos jours. Aux quelques centaines de personnes qui ont manifesté en juillet 1979 sur les escaliers de la Gare Saint Charles, à la création du Collectif Gai et Lesbien Marseille Provence en 1993, avec l’organisation de la 1ère Lesbian and Gay Pride cette année-là, plus de 30 000 voix répondent aujourd’hui pour commémorer la mémoire de Stonewall. A Marseille, nous sommes fier·es de l’héritage qui nous a été transmis et que nous léguerons, à notre tour, aux futures générations.
La plus belle Pride de France (TÊTU)
Depuis sa création en 1993, la Pride Marseille a mobilisé des milliers de bénévoles qui se sont engagés pour qu’elle existe, pour qu’elle Marche, pour qu’elle développe ses actions… Cette histoire a été militante et festive, culturelle, parfois conflictuelle, mais toujours porteuse de la mémoire collective de Stonewall, de nos espoirs et des revendications de la communauté LGBTQIA+. Nous ne pouvons pas citer toutes les personnes qui se sont engagées pour servir la Pride Marseille, mais nous pouvons rappeler les noms de celles et ceux qui ont piloté ou présidé l’organisation : Christian De Leusse, Marc Billioud, Jean-Marc Astor, Christophe Lopez, Gilles Dumoulin, Philippe Murcia, Sarah Saby et Alain-Marc Deluy, Éric Séroul, Noémie Pillas et Philippe Amidieu. Tous ces bénévoles ont permis d’écrire les plus belles pages de notre histoire.
Les années 1993 – 2000
L’histoire de la Pride Marseille débute en 1993, quand le Collectif Gai et Lesbien propose un premier rassemblement de la Fierté sur le Cours Julien. L’année suivante, la première Marche qu’il organise du Mobile des Réformés au Cours d’Estienne d’Orves, réunit autour de 1.500 personnes. En 1995, l’Association pour la Création d’un Centre Gay et Lesbien à Marseille (ACCGLM) initie la création du bar associatif Le Chaperon Rouge (rue Colbert – en face de l’ancienne Poste Colbert) et réunit les associations marseillaises autour d’un projet ambitieux pour la Pride Marseille. Plus de 5.000 manifestant.es se rassemblent sur le grand escalier de la gare St. Charles et défilent en direction du Cours d’Estienne d’Orves. Pour la première fois, les commerces LGBT marseillais ferment leurs portes et participent à la soirée « Gay & Lesbian Unity » qui accueille 2.200 personnes à la Friche Belle de Mai.
La Lesbian & Gay Pride de 1995 se rassemble sur les escaliers de la gare St. Charles
L’année suivante, les associations se réunissent en Assemblée Constituante et décident la création de l’association Lesbian & Gay Pride Marseille. La même année, un an avant l’EuroPride Paris 97 qui sera organisée pour la première fois en France, toutes les Lesbian & Gay Pride de l’hexagone se réunissent à Marseille pour créer la Coordination InterPride France, et décident notamment que la Pride Marseille clôturera tous les ans la saison des Fiertés, le premier samedi de juillet. La Marche rassemble plus de 8.000 manifestant.es, de la place Castellane au Vieux Port. La 2ème édition de la soirée « Gay & Lesbian Unity » s’organise au Dock des Suds pour 4.000 personnes. Les années 1997 (participation de Marseille à l’EuroPride et au Salon de l’Homosocialité), 1998 et 1999 pérennisent les actions menées par la Lesbian & Gay Pride Marseille, désormais reconnue au niveau national.
Les années 2000 – 2010
L’an 2000 marque l’apogée de ces premières années d’existence. Le magazine Têtu consacre un dossier aux 50 personnalités qui font bouger la vie LGBT de la cité phocéenne. Notre Lesbian & Gay Pride y est qualifiée de «plus belle Pride de France, sous le soleil de juillet». Cette année, 12.000 personnes marchent sur la canebière et la 5ème édition de la « Gay & Lesbian Unity » , à l’époque la plus grande soirée LGBT en France, réunit près de 6.000 personnes au Dock des Suds.
Tout au long de cette décennie, l’association Lesbian & Gay Pride Marseille poursuit son activité, notamment l’organisation d’une semaine militante (cinéma, conférences-débats, expositions…), se dote d’un local sur le Boulevard de la Libération, et s’auto-finance grâce aux recettes de la soirée qui devient la « Sunflower Party ». En 2006, à la suite de l’incendie du Dock des Suds (septembre 2005), l’organisation est contrainte d’investir avec plus ou moins de succès la Foire de Marseille. De son côté, la Marche des Fiertés qui s’étend désormais du Vieux Port au Parc 26ème centenaire, dépasse le cap des 18.000 manifestant.es.
Les années suivantes, le retour de la soirée dans le nouveau Dock des Suds ne sera plus pareil. En 2009, la Ville de Marseille proposera d’organiser la fête au Palais des Sports. Le succès populaire de l’événements, qui réunit près de 9.000 personnes, ne fera pas oublier les critiques d’une soirée stoppée prématurément (vers 3h30 du matin) par les services techniques de la salle omnisport. A cet aléas s’ajoutent les critiques de plus en plus fortes des associations qui se sentent délaissées par les organisateurs.
Les années 2010 – 2020
En 2010, l’association Tous&Go propose une programmation réactualisée et plus dynamique en accentuant sa communication via les réseaux sociaux (Facebook, YouTube). Pour la première fois de son histoire, la Marche pour l’Egalité réunit plus de 20.000 personnes du Parc du 26ème Centenaire au Vieux Port. En parallèle, l’association Lesbian & Gay Pride Marseille récolte les fruits de son travail et remporte l’organisation de l’EuroPride 2013. Malheureusement, cette concomitance entraînera des conflits qui se traduiront par l’organisation de deux marches concurrentes en 2012. En parallèle, l’équipe qui a ramené l’EuroPride quitte l’organisation chaotique de l’événement. L’EuroPride 2013 se conclura par un échec populaire et financier (moins de 30.000 personnes à la Marche et des soirées ratées). Néanmoins, les associations tirent leur épingle du jeu en proposant une programmation militante de qualité, notamment autour du nouveau Collectif IDEM (Forum EuroMéditerranée).
En 2014, c’est sous l’impulsion de ce collectif que les associations se réunissent au sein d’un Comité de Pilotage Inter-associatif et Commerçant qui nomme chaque année l’association porteuse de la Fierté marseillaise. C’est ainsi que la Pride Marseille renaît de ses cendres en proposant une semaine culturelle, une marche qui réunit 15.000 personnes du Palais Longchamp au Vieux Port, et un apéro-concert sur le parvis de l’Hôtel de Ville (Vieux port). En 2016, le Collectif IDEM est contraint de reporter la Marche des Fiertés en raison de la Coupe du Monde de football. Elle sera finalement annulée après l’attentat de Nice, 48h avant l’évènement, par mesure de sécurité (décision de la Préfecture de Police). Reportée en septembre, la 24ème Pride Marseille donne naissance au 1er Longchamp Pride Day.
En 2017, l’association AGIS-IBIZA est nommée en qualité d’association porteuse. Organisée dans l’urgence, cette édition ne permettra pas d’organiser d’autres manifestations que la Marche des Fiertés. Néanmoins, la mobilisation de 20.000 manifestant·es conduit le Comité de Pilotage à renouveler sa confiance à l’association AGIS-IBIZA. En 2018, l’organisation se bat pour maintenir l’apéro-concert mais les négociations avec la mairie de Marseille s’éternisent et l’évènement doit être annulé en dernière minute. Le succès de la Marche et de la Semaine évènementielle, notamment l’organisation de la première conférence PrideMed (les organisateurs de la Fierté en Méditerranée) et le lancement de l’Appel de Marseille, augurent néanmoins de bons espoirs pour l’avenir. En 2019, la Marche des Fiertés réunira près de 25.000 personnes et la 2ème édition du Longchamp Pride Days rassemblera près de 10.000 festivalier·es, sur deux jours au Palais Longchamp.
La Pride Marseille 2019 célèbre les 50 ans de Stonewall.
La Pride Marseille aujourd’hui
En 2019, parmi les projets développés par l’association AGIS-IBIZA, le Comité de pilotage Inter-associatif et Commerçant a validé la création d’une association dédiée à l’organisation de la Pride Marseille. L’association Fierté Marseille Organisation a donc été fondée le 12 septembre 2019. Elle a pour objectif de porter l’organisation des manifestations de la Fierté LGBTI+ au nom du Comité de Pilotage. En fonction de son bilan, elle sera reconduite chaque année dans ses fonctions.
L’édition 2020 de la Pride Marseille se préparait sous les meilleurs auspices avant le début de la crise sanitaire du Covid-19. Finalement, la Marche et le Festival des Fiertés ont été reportés en septembre, avant d’être annulés. La 27ème Pride Marseille a néanmoins proposé une campagne de communication «Grand Public» autour du thème «Existe, Persiste, Résiste», une PrideWeek dont la plupart des événements ont été maintenus, et une Pride Virtuelle diffusée en streaming via les réseaux sociaux. Paradoxalement, alors qu’elle était dans l’incapacité de marcher, la Pride Marseille 2020 a néanmoins bénéficié d’une visibilité exceptionnelle, notamment grâce la mise en lumière de l’Hôtel de Ville aux couleurs du Rainbow Flag…
L’édition 2021 nous a permis de retourner dans la rue avec un succès retentissant : « Toujours plus », notre mot d’ordre a rassemblé plus de 25 000 personnes désireuses de rebattre de la pavé. Fierté Marseille Organisation a pu tenir le premier apéro-concert gratuit de France avec pass sanitaire et restrictions au Parc Longchamp.
C’est l’édition 2022 « Droit dans les yeux » où nous avons pu retrouver notre pleine forme : 30 000 marcheurs, 2 soirs de festival, 2 semaines d’évènements culturels festifs et militants..
Pour notre 30ème anniversaire, c’est sous le mot d’ordre « Indivisibles » que nous avons marché fin septembre 2023 avec 18 000 personnes suite au report de la marche après la mort de Nahel. Nous avions maintenu la soirée officielle du 1er juillet qui a rassemblé avec succès 3 800 personnes.
Pour l’édition 2024, la marche se tiendra le samedi 6 juillet + la soirée officielle à la Cartonnerie Friche Belle de Mai pour une deuxième édition encore plus folle que la précédente et toujours la Pride2Weeks, deux semaines d’évènements culturels, militants et festifs du 21 juin au 6 juillet.
L’histoire continue…